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2.Erosion des pierres conséquences de l’acqua alta :
Au cours des nombreuses acquas altas, les fondations de Venise se fragilisent et les roches qui les composent connaissent un phénomène d’érosion. De plus, l'érosion naturelle s'est trouvée renforcée par les aménagements pour le port, notamment l'agrandissement des trois passes et des canaux pour permettre la navigation aux grands bateaux.
L’érosion est l’ensemble des phénomènes naturels qui dégradent la surface de la Terre au cours du temps. Cette dégradation est souvent d’origine naturelle (essentiellement l’action de l’eau et du vent), mais peut aussi être fortement augmentée par les activités humaines (extension des villes et des routes, effet de l’agriculture, problème de la déforestation, etc.).L’érosion peut remodeler la surface terrestre et ainsi modifier son relief.
Il existe deux types principaux d’érosion :
– l’érosion mécanique (ou physique), lorsque les roches se brisent en fines particules (désagrégation mécanique) ; ces débris sont ensuite lentement enlevés et déplacés (par le vent ou par l’eau) ; – l’érosion chimique, avec la dissolution des roches par l’eau (eaux de pluie qui s’infiltrent dans le sous-sol, action chimique des vagues, etc.).
Dans la lagune de Venise, on assiste à une érosion des roches par l’eau (érosion marine) : l’érosion est donc de type chimique.
L'érosion marine à Venise s'exerce principalement sur les bords de la lagune ainsi qu’au niveau des fondations des bâtiments par l'action des acqua alta et des courants fluviaux qui sont de puissants agents de destruction. Ces flux usent petit à petit par leur va et vient les roches et les dégradent. Les débris ainsi déplacés par les vagues sont repris par les courants de marée qui cheminent le long des rivages.
Ainsi, les fondations des bâtiments composées de pierre d’Istrie et d’argile connaissent un phénomène d’érosion. En effet, ces roches sont dégradées et altérées et laissent, au cours du temps, l’eau s’infiltrée malgré l’imperméabilité très importante.
Comme vu précédemment, les façades, construites en pierres d'Istrie, se dégradent actuellement ; aujourd'hui, le niveau de la pierre d'Istrie est régulièrement dépassé et les zones alternativement sèches et mouillées atteignent les briques. Or, celles-ci sont très poreuses, la solution saline pénètre donc dans la brique puis dans tout le mur par capillarité. D’ailleurs, on peut illustrer ce phénomène par cette expérience :
- En injectant du café à la base du sucre, le café va remonter à la surface du sucre ( CF oral)
- En laissant une serviette en contact avec de l'eau sur le rebord d'un bain : l'eau va monter par capilarité le long de la serviette pour sortir du bain.
Mais, lorsque l'eau redescend les phénomènes de saturation puis de cristallisation se produisent entraînant une augmentation du volume, et donc l'éclatement des briques, altération qui à la longue deviennent profondes et voyantes. Ainsi les briques s'effritent fragilisant la structure, processus accéléré par la présence d'une forte pollution de l'eau de la lagune. Avec le temps, les sections qui résistent diminuent et les tensions créées au sein du bâtiment deviennent trop importantes pour la sécurité de celui-ci. La pierre de Venise a toujours été soumise à un environnement particulièrement agressif. Ainsi on peut évoluer que Venise perd chaque année 6 % des marbres et 5% des fresques ce qui représentent, avec les altérations dues à l'infiltration de l'eau, une perte énorme du point de vue culturel et architectural.
L'augmentation de volume des briques les fait éclater, affaissant tout un pan de mur.
L'ensemble des réactions mis en cause est appelé "maladie de la pierre".
 
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